COVID-19, deuil et grossesse : conseils et expériences
Ce mois d’Avril sera marqué par une lettre d’information un peu particulière, faite dans l’urgence d’une situation qui nous a surpris et pris … nos habitudes, notre rythme, nos certitudes.
L’agenda de l’association Petite Emilie s’est trouvé chamboulé : l’Assemblée Générale qui aurait dû se tenir le 21 mars a été reportée. En conséquence la lettre d’information du mois d’Avril qui se caractérise par un compte rendu de L’AG et des textes dédiés aux activités de l’association et de ses membres sera aussi reportée.
Dans l’attente, nous vous proposons un thème de fond lié à l’urgence sanitaire COVID-19 deuil et grossesse : conseils et expériences.
LE COVID-19 A LA MAISON, PETITS CONSEILS AUX FAMILLES
La période « hors norme » que nous traversons peut parfois faire surgir d’étranges liens avec le passé pour le parent endeuillé. Décès brutaux et irrationnels touchant les proches, projections d’un avenir commun stoppées en plein élan, deuil compliqué par l’absence physique de la famille … Autant de moments vécus parfois lors de la perte de notre enfant. Ajouté à cela le confinement pouvant générer un sentiment d’isolement, une anxiété pour soi et ses proches et un ennui propice à de longues pensées, certains parents peuvent éprouver une réactivation du deuil de l’enfant décédé. Ces réactions sont normales : la répétition d’un traumatisme vient rappeler l’expérience passée, celle d’un cauchemar devenu notre réalité.
Certains parents endeuillés, au contraire, se placent en spectateurs avertis : désolés que d’autres découvrent si brutalement qu’on ne peut pas se protéger de tout ni préserver les gens qu’on aime. Que la justice ou l’équité n’ont pas de place lorsqu’on se bat contre un ennemi sans la moindre volonté sinon celle de la vie.
A tous les parents endeuillés, seuls à la maison, profiter de ce temps suspendu pour prendre soin de soi et parler de ses difficultés comme de ses joies à ses proches plus « présents » malgré la distance imposée peut amener du positif.
Tenter de vivre le confinement-cocon plutôt que le confinement-prison : réorganiser son logement pour prendre soin de son espace psychique, créer de nouveaux rituels apaisants et reprendre ce qui a été laissé longtemps de côté…
Décider de vivre cette « parenthèse » comme un temps pour souffler, s’éloigner sans se justifier du mauvais, vivre rien que pour soi et chaque jour lister les bons moments de la journée passée.
Avec les enfants à la maison, certaines conversations autour du Covid-19 peuvent être difficiles à aborder, à comprendre ou à accepter. Néanmoins, en parler avec votre enfant est important. Cela peut même devenir positif et ouvrir la discussion à d’autres sujets importants, comme la mort.
Les enfants sont influencés par le comportement de leurs parents et peuvent parfois être effrayés. Vous pouvez alors créer un environnement favorable où votre enfant peut poser des questions, où il se sentira écouté et accueilli dans ses ressentis et ses réactions. Pour autant, votre enfant peut préférer jouer à ses jeux habituels et ne pas savoir ce qui se passe dans le monde et c’est aussi ça la vie !
Il est important que les parents puissent écouter et répondre de manière simple, honnête et rassurante à leur enfant.
Si votre enfant le souhaite, vous pouvez l’aider à trouver des informations exactes et à jour, en privilégiant les sources officielles mais en limitant le temps passé à la recherche d’informations (par exemple 1h par jour) car cela peut être source de stress pour l’enfant.
Ajouté au contexte sanitaire stressant, le confinement est également susceptible d’entrainer certaines difficultés chez l’enfant et les parents. La frustration, l’ennui, l’irritabilité́ , l’anxiété liés au confinement et à la perte de sa routine habituelle sont des réactions normales. De même que la tristesse et les craintes liées à sa santé et celle de ses proches, à l’isolement, le sont.
Pour diminuer l’anxiété, il est important de maintenir le contact avec son entourage (par téléphone ou vidéo). Echanger et parler avec ses proches de ses inquiétudes et de ses préoccupations, s’engager dans des activités agréables et créer de nouvelles routines pour stimuler sa créativité (DIY, potager d’intérieur).
Respecter son hygiène de vie habituelle : garder des heures de sommeil fixes, prendre des repas réguliers, structurer sa journée (et le rythme scolaire), pratiquer une activité physique quotidienne sont des repères pour le corps !
Et puis n’hésitez pas à pratiquer des petits exercices d'apaisement (respiration diaphragmatique, relaxation musculaire, méditation, que vous pouvez trouver facilement sur internet).
Dans ce temps suspendu, il y a aussi de belles choses que vous pouvez partager avec votre enfant. La solidarité en fait partie. Il y a beaucoup de gens qui aident les personnes touchées par l’épidémie de Covid19. C’est une bonne occasion de montrer aux enfants que lorsque quelque chose d’effrayant arrive, il y a aussi des gens pour aider.
Si la mort vient toutefois frapper à votre porte, d’une autre façon, votre enfant est capable d’entendre la vérité de la mort. Souvent, la façon la plus simple de lui en parler c’est d’évoquer la vie, sous toutes ses formes. L’enfant attend des réponses aux questions qu’il se pose. Certaines questions peuvent déstabiliser les parents, il ne faut pas hésiter à le dire.
Et surtout n’oubliez pas, cette période prendra fin et la vie normale reprendra son cours…
Morgane, pédopsychiatre à l’hôpital universitaire de Strasbourg
Bibliographie :
Covid-19, comment en parler à vos enfants, à votre famille ? Dispositif CoviPsy dans le département du Bas Rhin/ CHU R. Debré – Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent – Pr R. Delorme – Fiche ressources Soignants COVID 19 – 2020 - H. Poncet-Kalifa, Dr C. Stordeur/ www.mortthanatologie-france.com/ Taking Care of Patients During the Coronavirus Outbreak: A Guide for Psychiatrists (Center for the Study of Traumatic Stress, CSTS)/
Helping Patients Manage the Psychological Effects of Quarantine and Isolation (CSTS)/
Supporting Your Family During Quarantine or Isolation(CSTS)/ The psychological impact of quarantine and how to reduce it: rapid review of the evidence. The Lancet.
ECHOGRAPHIE OBSTÉTRICALE ET COVID -19
Avant d’exprimer mon sentiment sur une nouvelle organisation de travail, je veux rappeler que pendant la pandémie :
- Le suivi échographique habituel de la grossesse (une échographie de dépistage par trimestre),
- Les échographies dites de diagnostic ou entrant dans le cadre d’une pathologie materno foetale,
- Les contrôles habituels pour les grossesses gémellaires à la fréquence appropriée sont maintenus.
Ainsi, j’assure avec mes collègues et les médecins du service, de façon aménagée certes, mon travail de dépistage et d’expertise échographique.
Les recommandations publiées par le Collège Français d’Echographie Fœtale et le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français, dans le souci de contribuer à ralentir l’extension de l’épidémie de COVID-19 et d’atténuer ses effets, pour la pratique de l’échographie obstétricale et fœtale ont modifié mes habitudes de travail. :
- Dès que je prends mes fonctions dans le service, je dois m’accommoder à l’atmosphère lourde et pesante qui règne dans l’établissement. Chaque personnel en nombre réduit, regarde son ou sa collègue d’un air suspect, craignant de voir surgir le « virus » à chaque bout de couloir. Les salles d’attente sont vides, pas plus d’une personne à la fois et le temps d’attente doit être le plus court possible.
- L’absence d’accompagnant au cours de l’échographie est acceptée plus ou moins difficilement. Cette mesure justifiée et stricte annule en une fraction de seconde tous les efforts fournis en amont pour améliorer l’approche de la périnatalité.
Quelques patientes sont déçues voire tristes et vivent cet isolement comme un « non partage » de leur grossesse : exclusion du père, non concrétisation par le père de l’enfant vivant. D’autres patientes, et c’est une majorité, très compréhensives continuent à être soulagées de venir me voir, leurs conjoint(e)s respectent les consignes sans problème.
Au cours de l’échographie ou au cours des entretiens dans le cadre des interruptions médicales de grossesse, une certaine complicité pleine d’émotion et d’écoute s’élabore entre la patiente et moi. La patiente est attentive et très réceptive. Mon rôle de sage-femme en tant qu’informatrice, en tant que membre accompagnant et de soutien prend à mon sens toute sa valeur.
Pour faire face à l’absence de l’accompagnant, j’accepte, si la patiente me le demande de réaliser une petite vidéo, ou un partage téléphonique avec le ou la conjoint(e) (Activité cardiaque, mouvements actifs, face, profil, membres), même si cela n’est pas recommandé pour des raisons médico-légales – L’échographie, je le rappelle, doit rester un acte médical.
L’enregistrement complet de l’examen m’est impossible car d’une part la patiente est concentrée uniquement sur son enregistrement vidéo et d’autre part, le fait de filmer entraine sur moi une certaine tension qui me déstabilise et me déconcentre.
Au décours de certaines échographies de dépistage, je suis amenée à réaliser une consultation obstétricale, afin d’éviter un futur déplacement à la patiente : un petit défi intéressant est donc à relever car cela fait quelques années déjà que je n’ai pas fait de consultations obstétricales adaptées à chaque patiente et au terme de la grossesse (déclaration de grossesse, prescription des différents examens de laboratoire, prescription de médicaments). Mon sens des responsabilités m’oblige à accompagner le mieux possible la patiente.
Le respect de consignes d’hygiène a alourdi mon travail. Le lavage fréquent des mains, le port de masques et de gants jetables, le nettoyage après chaque passage d’une patiente de la table d’échographie, du clavier de l’échographe, des surfaces exposées et des sondes d’échographies, la désinfection fréquente des poignées de porte, du bureau, de la chaise, du clavier et de la souris de l’ordinateur sont des gestes indispensables mais très contraignants et représentent une surcharge de travail non négligeable. Je préférerai passer plus de temps à écouter, informer et à soutenir la patiente dans son projet de naissance.
Je suis ambivalente quant à l’aménagement de mon temps de travail. Je suis très contente de me rendre à la maternité pour exercer mon métier le plus humainement et professionnellement possible malgré toutes les contraintes que les recommandations vis à vis du COVID 19 obligent et d’autre part, lorsque je suis à mon domicile, confinée, je ne peux pas lâcher prise et me sens inutile.
Je participe avec mes collègues de l’équipe soignante ainsi qu’avec la bonne coopération des patientes à un effort collectif qui je l’espère nous permettra de sortir le plus rapidement possible de cette période difficile pour tous et toutes.
Régine, Sage-femme échographiste depuis 2003
Dans un Centre Pluridisciplinaire Prénatal de la région Bourgogne Franche-Comté
TEMOIGNAGE
Samedi 14 mars au soir : fermeture officielle des restaurants, mon cher et tendre reçoit un mail, pas de travail jusqu’au 31 mars minimum. Samedi 14 mars au soir : je fais la danse de la joie. Depuis mon IMG en avril dernier, je n’ai pas repris le travail. Je suis tombée enceinte à la fin de mon congé maternité et au début de mes recherches d’un nouvel emploi. Sans compter qu’une semaine après mon test positif, mon père a fait un AVC. Je ne me suis donc pas sentie la force de gérer le stress de la grossesse, les problèmes familiaux et la pression d’un nouveau boulot. J’ai même eu une grosse phase de rechute et de dépression.
Depuis, j’ai repris du poil de la bête. Petit à petit, j’ai continué à faire des pas : j’ai construit un nouveau projet professionnel, j’ai été très bien suivie pour cette grossesse à risque, j’ai entamé de nouveaux projets de vie… Et surtout ma fille va bien (7 mois de grossesse espoir). Je suis sortie de ma bulle et depuis quelques temps déjà, je suis prête à retrouver une vie sociale. Sauf que je n’ai presque plus d’amis depuis un an, pas de collègues, pas envie de renouer des liens avec des gens « qui ne savent pas ». J’attends donc avec impatience la naissance de ma fille et tout le chamboulement qu’elle va apporter dans notre vie puis la reprise d’un travail en fin d’année. Je suis d’attaque, je me vois affronter le monde avec mon ange et ma fille comme force et motivation au quotidien. En attendant ce « renouveau », je commence à trouver un peu le temps long. Donc samedi 14 mars au soir, je fais la danse de la joie en pensant que je ne vais pas être seule à la maison pendant 2 semaines minimum.
A ce moment-là, je ne me rends pas du tout compte de la gravité de la situation, pour moi, coronavirus = simple grippe encore inconnue au bataillon, on en fait tout un plat, les médias en rajoutent, les politiques mentent, bref, intox et détox.
2 jours plus tard, le confinement est déclaré. A la radio, à la TV, sur les réseaux sociaux, partout, on ne parle QUE du Coronavirus et du confinement. Les informations fusent, les chiffres grimpent, on a tous un proche contaminé ou un proche qui connait quelqu’un qui est malade, les décès augmentent dangereusement, le personnel soignant tire la sonnette d’alarme et transmet son angoisse, l’horreur à laquelle il est confronté. On appelle 4 fois par jour ses proches pour s’assurer qu’ils ne se sont pas faits cracher dessus, on apprend que des gens perdent la boule en dévalisant les magasins, en abandonnant leur animal, en essayant de « douiller le système ». On entend des histoires hallucinantes de personnes qui agressent les gens dans la rue en menaçant de leur éternuer dessus, qui lèchent les barres de métro, qui volent des masques. On écoute les politiques qui continuent leur blabla mais on ne comprend pas bien quand, comment, pourquoi… On nous dit qu’on aura une amende si on sort de chez nous sans attestation, on nous dit de ne pas s’approcher les uns des autres à moins d’un mètre, on nous dit que les hôpitaux s’engorgent, que l’épidémie se propage vitesse grand V parce que les gens ne respectent pas le confinement, qu’on en vient à choisir la vie ou la mort par des pourcentages de chance de survie.
Quelques jours plus tard seulement, je mets 5 heures à faire mes courses en ligne face à la saturation des sites, je raisonne ou plutôt dispute mon père qui veut sans cesse sortir pour un oui pour un non au point d’être méchante avec lui pour qu’il comprenne le risque, je ne fais presque plus rien de mes journées, je crise contre mon conjoint pour rien, j’apprends des nouvelles de mes connaissances dans le médical qui me terrorisent, je passe ma journée sur les actualités, la panique me gagne. J’ai tout d’un coup très peur pour mes proches. Et si mes parents étaient touchés ? et si mon conjoint l’était ? et si le virus se transmettait au bébé ? et si bébé arrivait plus tôt que prévu et l’attrapait ? et si je devais accoucher seule ? et si … et si … ?
Je recommence à faire des cauchemars comme au temps de mon IMG : mes proches meurent, on diagnostique une maladie à ma fille, je revis le départ de mon ange… J’ai en même temps ce sentiment bizarre de me dire : « mais arrête de baliser, tu as perdu ton fils il y a un an, à côté, un confinement, ce n’est rien du tout ! ». Oui sauf que la peur de perdre de nouveau quelqu’un me hante et devient une obsession.
Au bout de quelquesjours d’insomnies, je me dis « Stop, tu ne tiendras pas à ce rythme-là ». Depuis, j’ai changé d’attitude. En premier lieu, j’ai arrêté les actualités, la TV et les réseaux sociaux. Je ne m’autorise qu’un article de news par jour et bien sûr, les discussions avec mon conjoint ou au téléphone avec mes proches. Je me porte mieux sans trop en savoir.
J’ai repris un rythme convenable avec des horaires comme avant le confinement (on s’était complètement laissé aller en mode « vacances à la maison »), j’ai recommencé mes listes de tâches quotidiennes, je sors 30 min tous les 2 jours pour faire un tour (conseillé par mon gynéco pour limiter la prise de poids et faciliter l’accouchement). J’ai entrepris un grand nettoyage de printemps, je joue à des jeux vidéo avec mon conjoint (sa grande passion), je fais des travaux manuels et surtout, je profite de ma grossesse le plus possible. Par exemple, je chante des chansons à ma fille, je lui fais écouter de l’opéra, je lui fais des câlins, je lui crochète des couvertures et des bonnets, j’observe mon ventre. Bref, j’essaie de vivre en harmonie avec ma famille, ma maison et ce confinement.
On a aussi décidé avec mon conjoint de profiter de ce « temps d’arrêt » pour préparer l’arrivée de bébé. Là aussi, on a revu notre point de vue. Au début du confinement, j’avais les nerfs de ne pas pouvoir aller faire mon shopping bébé alors que j’étais enfin prête, je préférais aller voir les produits en direct dans les magasins etc. Et puis, on a réfléchi et finalement, on est très content parce qu’on a plein de temps pour regarder ce qu’on souhaite. On fait des recherches sur internet, on compare les produits, on lit les avis, on se paume de sites en sites, on craque sur trop de trucs mignons… Un autre avantage, c’est qu’on est ensemble ! On va commander la chambre et Papa va pouvoir la monter sans stress et sans fatigue puisqu’il ne travaille pas alors que normalement il devrait énormément travailler en ce début de saison touristique. Bon bien sûr, il est moins payé et il ne va peut-être pas avoir de vacances mais pour l’instant, on préfère essayer de ne voir que le côté positif.
Enfin voilà, j’essaie de prendre un maximum de recul. Je cherche aussi à protéger ma fille d’un stress trop important. D’autant que côté grossesse et corona, il y a finalement peu d’informations fiables. Les études sont encore trop récentes et limitées pour donner des certitudes. Alors tant pis, je retourne dans ma bulle le temps du confinement car je ne peux pas gérer cette période étrange avec énormément de distance. D’ailleurs, une personne m’a fait remarquer les sensations similaires que l’on peut éprouver dans le vécu de l’IMG et le coronavirus : cette situation qu’on peut à peine contrôler, les jours insoutenables de peine et peur, le sentiment d’impuissance…
Je le remarque d’autant plus car je ne vais pas pouvoir fêter l’anniversaire d’un an de mon ange comme je l’aimerais. Je ne pourrai pas aller au Jardin des Souvenirs, je ne pourrai pas aller faire « notre » balade en forêt. Je me suis résignée et j’ai déjà écrit à mon fils pour lui expliquer. J’espère qu’il comprendra, c’est ma manière à moi de lui dire que je ne l’oublie pas et que je l’aime, même si je ne ferai pas grand chose en ce jour si précieux qu’est son anniverciel.
J’appréhende aussi de passer cette journée enfermée à la maison à cogiter, j’ai peur de faire une sacrée rechute. Mais bon j’ai appris à passer un jour après l’autre, on verra bien… Je pense que l’important est de trouver un équilibre entre s’occuper pour ne pas « sombrer » et se garder des moments de laisser aller total.
Côté suivi et grossesse, les rdvs sont limités au maximum. Les règles sont strictes : se laver les mains avant et après la consultation, arriver pile à l’heure pour limiter le nombre de personnes en salle d’attente, porter un masque si possible, ne pas venir accompagnée… Certains cabinets de gynécologues ou sages-femmes ont fermés, d’autres ne sont ouverts que pour les urgences ou suivis de grossesses, certains partagent entre téléconsultations et rdvs présentiels… Les horaires sont aussi susceptibles d’être modifiés pour espacer les rdvs. Pour ma part, j’ai annulé tous mes rdvs à l’hôpital (maternité). J’ai la chance d’avoir un gynéco hyper équipé donc j’ai gardé les rdvs en présentiel avec lui pour les échos et les contrôles mensuels. Je fais les cours de préparation à l’accouchement en visio avec ma sage-femme.
Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à appeler pour demander des renseignements. De même pour la maternité, ma sage-femme m’a conseillé de systématiquement appeler avant d’y aller. Selon elle, ils pourront analyser la situation et me conseiller au mieux : venir de suite en cas d’urgence ou dans 2 heures si cela peut attendre, ou aller voir mon médecin traitant, ou les rappeler le lendemain etc… C’est le mieux à faire d’une part car ils sont débordés et d’autre part pour éviter les déplacements inutiles. Appeler leur permet de nous orienter et/ou prévoir notre arrivée.
Pour l’accouchement, les procédures varient selon les maternités. Certains interdisent les papas en salle de naissance d’autres les testent et les autorisent s’ils ne sont pas porteurs du virus, d’autres autorisent d’office les deux parents. Par contre, pas de visites de proches à la maternité et un retour à la maison dès que possible. De même, il ne faut pas hésiter à appeler pour demander la procédure de sa maternité, sachant que ça évolue selon l’épidémie. Ma sage-femme m’a aussi conseillé de demander si l’entrée de la maternité ou des urgences étaient au même endroit que d’habitude car certains pôles sont dorénavant exclusivement réservés aux patients contaminés et l’organisation de l’hôpital peut en être modifiée.
On est en plein pic de l’épidémie, je viens d’apprendre que ma grand-tante de 96 ans était à l’hôpital, je suis enceinte de bébé espoir et évidemment inquiète. Bref, je mentirais en disant que tout va bien et que je gère cette période apocalyptique avec facilité. Pourtant, je suis convaincue que je dois m’attarder davantage sur le positif : le temps passé dans les bras de mon homme, les rires avec ma sage-femme parce que nos chats respectifs se mêlent de notre conversation, d’anciens amis qui reprennent contact après des années (ils doivent sacrément s’ennuyer !!!), les liens renforcés avec les gens qu’on aime parce qu’on prend plus de nouvelles, la préparation de la chambre de ma petite, le puzzle Disney géant fait avec son papa (en seulement 3 jours !!), le choix des couches lavables ou jetables, les premiers jours du printemps avec les oiseaux qui chantent et les premiers rayons de soleil, les bougies allumées et les casseroles tapées aux fenêtres tous les soirs, la solidarité, le retour à l’essentiel… Je pense que ceux qui vivent ou ont vécu un deuil périnatal peuvent se sentir compris en ce moment. Car, nous, on sait déjà que ce qui compte plus que tout, c’est la santé et l’amour. Et j’ai bon espoir qu’avec cette crise planétaire, beaucoup de gens en (re)prennent conscience.
Florine
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