Une première expérience lors d'un congrès - Témoignage
Il m'a fallu cinq ans avant de franchir le pas de contacter l'association Petite Emilie, d'y adhérer, et d'y participer de manière active. Pourtant, tel était mon désir depuis des années. Mais la vie m'a appris que tout vient à temps.
Mon fils, Khalil, est mort avant de naître en juin 2011. Il avait une malformation grave, incurable. En sept jours, nous avons fait le choix impossible d'interrompre sa vie. Khalil signifie en arabe "le bien aimé". S'il avait vécu, nous l'aurions prénommé Nathan.
C'est mon mari qui a découvert l'association et qui y a trouvé informations et témoignages. Moi, j'ai vécu mon deuil, solitaire. J'y ai côtoyé le désespoir, le drame, l'errance, l'abandon, la folie... Une solitude renforcée par la saison estivale peu propice à la tenue de groupes de parole. Une solitude brutale après deux semaines intenses pendant lesquelles l'attention, l'écoute et la bienveillance de l'équipe médicale du service de diagnostic anténatal nous étaient dédiées ; une solitude abyssale après le choc indélébile d'abandonner le corps de notre bébé au funérarium de l'hôpital.
Me voilà donc en ce début de mois de juin 2016 aux côtés de Céline sur le stand de Petite Emilie à la journée du CNSF (Collège national des sages-femmes) qui se tient à Paris. La configuration est drôle : nous sommes tout au fond de l'espace, dans un cul de sac, après tous les laboratoires et démonstrateurs de matériel. Nous jouons gentiment des coudes pour que le kakemono d'à côté ne nous fasse pas disparaître. Mais nous sommes juste à la sortie de la salle de conférence.
C'est un temps riche, de rencontres et d'échanges. Je me familiarise rapidement avec les différents supports. Cette journée me donne l'occasion d'échanger comme jamais je n'en ai eu l'occasion, avec une autre mère.
Nous rencontrons les sages-femmes, en plusieurs temps, pendant leurs pauses. Il y a celles qui viennent spontanément car elles connaissent l'association, celles qui hésitent puis qui font l'effort de venir, et celles qui se détournent carrément. Je suis sidérée d'imaginer que des professionnelles de santé aient ce type de réaction. Cela me motive d'autant plus à être dans l'action. Ce qui me frappe, c'est d'entendre cette sage-femme qui travaille dans un grand hôpital nous dire qu'elle a affronté beaucoup d'IMG ces derniers temps et qu'elle n'y était pas du tout préparée ; c'est d'écouter cette sage-femme qui est passée du terrain à la formation nous raconter son parcours pionnier dans l'accompagnement du deuil périnatal ; c'est de voir l'assurance d'un médecin qui disait nous connaître, mais qui ne nous connaissait en fait pas du tout... Une sage-femme nous demande s'il vaut mieux parler même si l'on ne sait pas si ce que l'on dit est adapté, ou s'il vaut mieux se taire lorsqu'on est face à un couple. Nous lui répondons qu'il nous semble primordial de parler. Une autre me dit qu'elle ne sait pas ce qui est bien ou pas. Je lui raconte mon vécu, je lui dis que je me souviens encore aujourd'hui avec émotion de la bienveillance d'une sage-femme en particulier. Elle m'avait alors regardé avec douceur, et elle avait posé sa main sur mon épaule, tout simplement. Pour moi, la clé, c'est la bienveillance.
Je mesure à quel point le travail de sensibilisation, de formation, de création de groupes de parole est important.
Cette expérience a été formidable, sincèrement. Elle a fait remonter quelques jours après tellement de choses auxquelles je ne m’attendais pas... Elle a libéré ma parole. Elle m'a permis de ritualiser pour la première fois le jour de l'anniversaire de la mort de mon petit garçon. Elle me donne matière à réflexion sur comment tenter d'aider des couples qui traversent la tragédie de la perte d'un enfant.
Merci Petite Emilie, et j'espère à bientôt.
Aude
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