Accompagnements autour du deuil périnatal : L'ostéopathie
Pour cette lettre d’information, Petite Émilie innove avec une nouvelle rubrique, comme annoncée en janvier, qui évoque les accompagnements possibles autour du deuil périnatal. Nous avons souhaité démarrer cette rubrique avec le thème de l’ostéopathie. Vous trouverez successivement les témoignages d’une professionnelle qui pratique l’ostéopathie, et de 2 parents ayant choisi cet accompagnement après le décès de leur enfant.
PAROLE DE PROFESSIONNELLE
Tout ce qui n’est pas exprimé, s’imprime.
Notre corps garde la mémoire dans ses tissus de tout ce que nous avons vécu, expérimenté, et surtout de tout ce que nous n’avons pas conscientisé, accepté, et osé libérer.
Nos émotions, nous les vivons, nous les ressentons. Rappelez-vous ces papillons dans votre ventre quand l’amour pointe le bout de son nez, cette boule au ventre avant un examen, l’oppression de votre poitrine à l’évocation d’un souvenir triste ou angoissant.
Tout n’est pas dans notre tête, surtout quand il s’agit d’émotions. Une émotion qu’elle soit agréable ou désagréable se vit, se ressent, et a besoin d’être accueillie, dans les différentes parties de notre être, dans notre corps y compris. Ces perceptions, ces ressentis sont autant de signaux, de messages avec lesquels notre corps communique.
Écouter l’être, écouter le corps, c’est l’espace que je propose dans mes accompagnements.
Chaque histoire est unique. Chaque corps l’est aussi, et ainsi chaque accompagnement se doit de l’être. Je ne crois pas qu’il y’ait une partie du corps spécifique, un os, un muscle à venir libérer en ostéopathie lorsqu’un être humain traverse un deuil périnatal. J’accueille l’être dans toutes ses dimensions et je me mets à son écoute. J’invite le parent à déposer son histoire de la manière dont il/elle est prêt(e) à le faire ce jour-là. Poser des mots sur ses maux est une étape importante d’autant plus quand tant de tabous sont présents.
Écouter et entendre entre les mots comme on pourrait lire entre les lignes en observant le corps, sa posture et les émotions qui transparaissent.
Un espace bienveillant, sans jugement, où tout peut être dit et entendu et où le silence a sa place. Un espace où parfois les mots n’auront aucune réponse, car souvent quand on s’autorise à se déposer, à poser des mots sur sa douleur en toute vulnérabilité nous n’avons pas besoin d’un avis, d’un conseil, d’une solution, mais juste d’être entendu(e).
Écouter vos mots et entendre vos maux.
La perte d’un enfant est une épreuve qui n’affecte pas seulement l’esprit, elle affecte le corps. Que ce soit le corps qui l’a porté, ou celui du co-parent. Et même si aujourd’hui ce sont surtout les mères qui franchissent la porte de mon cabinet, des actions comme cette lettre d’information contribuent à ouvrir ces espaces à toutes les personnes concernées.
L’ostéopathie peut vous accompagner dans cette traversée. Écouter le corps et ses messages pour permettre la libération d’émotions cristallisées, soutenir ses fonctions et son métabolisme, et l’aider notamment après un enfantement à adapter sa posture.
Quand le corps a donné naissance, il est chamboulé. Tout, que ce soit l’utérus, le bassin, les hormones, ne retrouvent pas leur posture ni ne se rééquilibrent en une fraction de seconde pour revenir à l’état de « non-grossesse ». Accompagner le corps après un enfantement l’aide à trouver un équilibre dans ce terrain ambivalent. Il paraît évident qu’avec le traumatisme de la perte de son enfant le corps ait d’autant plus besoin d’être soutenu dans ces phases de transition, que ce soit physiquement et émotionnellement.
Il s’agit à la fois de soutenir le corps, de l’aider à se rééquilibrer mais aussi de vous aider à vous retrouver dans votre corps avant de peut- être par la suite l’ouvrir à nouveau pour accueillir un enfant.
Cicatriser, voilà l’image que j’aime donner. Lorsqu’une plaie se forme, elle peut suinter, être rouge, ouverte, à vif. On peut la suturer, l’aider à se refermer pour que le travail cicatriciel se fasse. D’apparence souvent boursoufflée, rouge, cette cicatrice sera évidente et se fera sentir pour se rappeler à nous à chaque geste, à chaque miroir croisé. Par la suite, elle s’estompera, s’affinera, semblant même se fondre dans son environnement. Elle se rappellera toujours à nous bien évidemment, elle est là, ce n’est pas comme si elle allait disparaître et s’effacer mais à son contact, le souvenir et les émotions associés seront peut-être moins douloureux, ou tout simplement différents. Je crois qu’il n’y a pas de plus juste métaphore pour vous partager mon approche de l’ostéopathie dans l’accompagnement du deuil périnatal.
Charlotte Bache, ostéopathe
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PAROLES DE PARENTS
Je crois que c'est la première fois que je vais poser réellement des mots par écrit sur l’épreuve qu’on a affrontée avec mon compagnon.
J'ai ré ouvert cette petite boîte avec les différentes photos d’échographie… un bracelet d’hôpital avec cette date funeste et ce petit cœur en bois.
« Je crois qu’un an après la perte de mon bébé, et n’arrivant pas à retomber enceinte, sur les conseils de ma kiné, je suis venue consulter une ostéopathe.
A la base, et en désespoir de cause c’était surtout pour me dire que peut être avec une ostéopathe j’arriverais à débloquer ce qui m’empêche de tomber enceinte.
Évidemment la perte du bébé est tout de suite apparue, j'ai beaucoup pleuré, je me rappelle pendant et après les séances.
Mais ça m’a permis d’ouvrir un dialogue autre que chez une psychologue.
Ça m’a aussi permis de m’accommoder de ce corps qui avait non pas donné la vie mais donné la mort. De surmonter le long travail de deuil périnatal.
Je crois que l’ostéopathie a été un outil pour panser mes plaies tant physiques que psychologiques.
Il m’arrive encore très souvent de repenser à ce premier bébé, à la décision la plus importante et la plus dure que mon compagnon et moi avons prise.
Mais cet accompagnement m’a permis de lâcher un peu prise, de renouer avec mon corps pour pouvoir
de nouveau être enceinte et donner la vie à une superbe petite fille en parfaite santé.
Même après 4 ans c'est toujours une épreuve. Mais grâce à cet accompagnement, notre petite Léonie apparaît à sa place de premier enfant sur notre livret de famille, et bien sûr l’amour de notre vie, Ella en deuxième enfant. »
Camille
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En une séance d’ostéopathie, j’ai ressenti du soulagement, du bien-être et cela m’a permis d’avancer…Je n’aurais jamais imaginé tout ça en une séance. Même si la destination n’est pas atteinte, le chemin peut offrir de beaux cadeaux.
« J'avais besoin de prendre du temps pour moi, pour mon corps, je le sentais mais je ne pouvais pas en dire plus, ni l'expliquer, ni dire pourquoi.
Lors de notre séance d’ostéopathie, les mots (ou les maux?) sont sortis en toute confiance, comme par magie, accompagnés par la douceur, la bienveillance et la sensibilité. Finalement, je peux maintenant dire que cette séance d’ostéopathie m'a permis de retrouver une certaine sérénité, de la légèreté. Et tout ça en une seule séance ! Je suis plus que ravie d'avoir croisé le chemin de cette professionnelle, je reviendrai sans aucun doute pour d'autres accompagnements, lorsque ce sera le moment.
Je pense quasi tous les jours aux dernières paroles reçues ; sur le fait d'accueillir ses émotions, d'être à l'écoute de soi. Quel exercice difficile, mais ce que ça fait du bien quand on y arrive. Je n'en espérais pas autant en une séance. »
Camille
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